L’expansion des milieux anthropisés, le changement climatique et certaines pratiques de gestion entrainent la raréfaction des habitats favorables au maintien de la biodiversité et notamment des insectes pollinisateurs. La présence de cultures à floraison massive en région Centre-Val de Loire telles que le colza, la luzerne ou le tournesol fournissent des ressources importantes mais limitée dans le temps. Des ressources complémentaires (en termes de diversité et de période de floraison) sont nécessaires pour le maintien des pollinisateurs. Par ailleurs, la forte augmentation de l’activité apicole sur le territoire engendre des besoins en ressource florale croissants qui inquiètent le milieu apicole. Enfin, une présence accentuée des abeilles domestiques peut complexifier la problématique de conservation des pollinisateurs sauvages générant de potentielles compétitions pour les ressources, d’autant plus lorsque celles-ci sont déjà limitées.
L’enjeu repose donc sur l’aménagement et la gestion d’infrastructures agroécologiques (haies, boisements, bandes enherbées, bandes fleuries, bordures de champs, jachères fleuries...) afin d’offrir des zones refuges et des ressources complémentaires aux pollinisateurs. Il s’agira notamment de permettre une bonne complémentarité des cultures et des aménagements semi-naturels afin d’offrir des ressources florales diversifiées réparties sur l’ensemble d’un territoire et de la saison de vol. Cette vision spatio-temporelle est encore négligée et limite le succès d’un projet d’aménagement favorisant les pollinisateurs sur un territoire.
L’association Hommes et Territoires et plusieurs partenaires* développent un outil d’évaluation de la disponibilité des ressources florales pour les pollinisateurs sauvages et domestiques sur un territoire. L’objectif est de proposer un outil de diagnostic et de dialogue afin d’optimiser le potentiel en pollen et nectar des territoires en préconisant des pratiques et des aménagements dans le temps et dans l’espace et en adéquation avec les réalités sur le terrain. Cet outil permettra de visualiser de manière cartographique les évolutions spatio-temporelles de ces ressources sur un territoire défini. Il permettra d’identifier et de sensibiliser sur les périodes de disettes pour les pollinisateurs et d’échanger sur les solutions avec les gestionnaires des espaces (agriculteurs, apiculteurs, collectivités, etc.) sur la gestion des éléments paysagers et les pratiques favorables à ces insectes.
L’outil d’Evaluation des Potentiels Pollinifères et Nectarifères (EPPN) est basé sur l’observation de la flore et de la floraison des aménagements et des cultures. Il permet de localiser (dans l’espace et dans le temps) les zones peu propices aux pollinisateurs (en termes d’alimentation) mais aussi les périodes de disette et de proposer des pratiques, des cultures, ou des aménagements cohérents pour combler les manques de ressources spatiales ou temporels. Utilisable à l’échelle d’un aménagement mais aussi d’une exploitation agricole ou d’un territoire plus vaste (commune, intercommunalité…), il s’agit d’un support de dialogue et de sensibilisation entre les acteurs et les gestionnaires (agriculteurs, conseillers de chambres d’agriculture, ou de fédérations de chasseurs, gestionnaires de collectivités territoriales, aménageurs, conseillers “biodiversité” d’associations naturalistes, etc…).
Dans un premier temps, l’outil sera développé à l’échelle de l’exploitation agricole et avec les gestionnaires du paysage agricole (apiculteurs, agriculteurs, chasseurs, communes…). Nous utiliserons les diagnostics réalisés sur une dizaine d’exploitations pilotes en région ainsi que des rencontres terrain afin de mobiliser l’ensemble des acteurs (apiculteurs, naturalistes, agriculteurs, chasseurs, etc.) et d’évaluer leur besoins. Ce projet multi-partenarial permettra de toucher un large public et de diffuser l’outil via les réseaux de chaque partenaire du projet.
Les zones de relevés sont définies par l’utilisateur afin d’avoir une bonne représentativité de l’ensemble du territoire (parcelles cultivées, prairies et aménagements). Un relevé des espèces en fleur et du nombre d'inflorescences sera effectué une fois par mois de mars à septembre sur l’ensemble des zones définies. Ces relevés seront importés dans l’outil cartographique Ancgis (outil qui spatialise les parcelles et les aménagements). Le potentiel ressource sera calculé automatiquement par l’outil et permettra une représentation cartographique de la ressource dans l’espace, dans le temps et pour chaque groupe de pollinisateurs.
Les pratiques d’entretien des aménagements seront également prises en compte dans l’outil. Le conseiller pourra alors réaliser un compte-rendu présentant la présence et les manques du territoire en termes de ressource florale et pourra échanger sur les pratiques de gestion ou l’aménagement du territoire pouvant améliorer le potentiel environnant (broyage tardif, mise en place d’aménagements fleuris, proposition d’espèces et d’essences florales les plus adaptées aux besoins des espèces de pollinisateurs).
Pour plus de renseignements :
Axelle MARCHANT
02 38 71 91 80
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