Bandes fleuries dans les parcelles : Evaluation et valorisation des services rendus par la biodiversité en systèmes de grandes cultures

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En zone de plaine céréalière, les sites refuge pour la faune et la flore sont rares (haies, bosquets, bordures de champs). Les aménagements tels que les bandes fleuries en bordure ou au cœur des parcelles occupent donc une place stratégique dans le maintien de cette biodiversité et les services qu’elle rend. Face à une pression croissante de ravageurs sur certaines cultures et la perte d’efficacité des produits phytosanitaires, l’enjeu réside dans le développement d’une agriculture multifonctionnelle alliant la protection intégrée avec la mobilisation de processus écologiques faisant appel à la biodiversité.

Depuis 2018, des expérimentations sur un aménagement bande fleurie sont menées en collaboration avec l’INRA et AgroParisTech, l’UMR Agronomie, UMR ESE, l’association Hommes et Territoires, la fondation François Sommer, la CA28, l'Office Français de la Biodiversité, le Laboratoire d'Eco-entomologie d'Orléans, la CRACVDL, la CA37 et CA18. Logos

L’objectif de ce projet est :

Panneau1- d’évaluer les effets des aménagements écologiques que sont les bandes fleuries (elles permettent le redécoupage des parcelles et l’augmentation de l’hétérogénéité spatiale) sur les différents services rendus par la biodiversité.

2- De diffuser et d’encourager le développement de ces aménagements sur le territoire en mobilisant la profession et l’enseignement agricole à travers des actions de communication, de démonstration et des ateliers de co-conception.

 

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Une expérimentation in situ

Des suivis d’un réseau de parcelles incluant une trentaine agriculteurs volontaires (des Yvelines, de l’Essonne, d’Eure-et-Loir, du Cher et d’Indre-et-Loir) permet de comparer des systèmes agricoles contrastés (agriculture conventionnelle, de conservation ou biologique) en quantifiant une diversité de services écosystémiques : chez la majorité des agriculteurs, la parcelle redécoupée avec une bande fleurie est comparée avec une parcelle « témoin » non aménagée (même contexte, même conduite).

L’objectif est d’évaluer la multifonctionnalité des systèmes de culture et des bandes fleuries pluriannuelles. Les suivis portent sur :
-  les auxiliaires des cultures (arthropodes prédateurs et parasitoïdes)
-  la régulation biologique des ravageurs (pucerons d’automne sur blé ; méligèthes, altises et charançons sur colza ; bruches sur légumineuses).
-  les pollinisateurs
-  les vertébrés typiques des plaines céréalières (oiseaux et chauves-souris)
- la description de l’état des milieux (structure, ressources)  
- le recueil d’informations sur la conduite des parcelles (itinéraires techniques, rotations,…)
- la fertilité de sol (stabilité structurales, activité microbienne de dégradation de la matière organique, …).

Ces suivis à tous les niveaux trophiques sont associés à la diversité des services rendus, leurs synergies ou leurs antagonismes.

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Cette étude permettra ainsi de comprendre les effets combinés d’aménagements écologiques, de découpage de parcelle, et de systèmes culturaux à moindre perturbations.

 

Composition des bandes fleuries

Compte-tenu des objectifs du projet, la composition des bandes fleuries n’a pas été raisonné dans le but de maximiser un seul objectif mais pour atteindre une multifonctionnalité capable de répondre à la diversité des attentes des acteurs du territoire.

fleurs

Les bandes fleuries se composent d’une quarantaine d’espèces (- le mélange a été légèrement adapté en Eure-et-Loir afin d’éviter le risque d’hybridation entre les espèces composant la bande fleurie et les cultures de production de semences). Le mélange vise donc à :

- fournir une diversité de formes de fleurs pour permettre à de multiples insectes de se nourrir,
- assurer une floraison longue et étalée dans le temps avec des espèces à floraison précoce, d’autres tardive afin de permettre aux pollinisateurs et auxiliaires de bénéficier de ressources en dehors de la floraison des cultures,
- présenter une certaine attractivité pour des proies de substitution permettant le maintien d’auxiliaires prédateurs en attendant les ravageurs des cultures,
- couvrir le sol et fournir un abri favorable aux auxiliaires,
- disposer de strates végétatives différentes.

De premiers résultats prometteurs

  • Suite aux semis d’automne, la réussite d’implantation du couvert dépend des conditions d’implantation (1/3 des sites ont fait l’objet d’un re-semis en 2019), le travail du sol (labour ou travail superficiel) semble garantir la levée du couvert.

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  • La floraison du couvert est effective dès la première année grâce aux espèces annuelles. Le couvert se diversifie et la floraison explose en deuxième année avec le relai des vivaces, ce qui permet aux pollinisateurs de bénéficier d’une plus grande quantité mais aussi d’une diversité de ressources nectarifères et pollinifères. Les bandes fleurissent dès le mois de mars et la floraison se poursuit jsuqu’en septembre. Les bandes fleuries offrent un relais vis-à-vis des cultures à floraison massive comme le colza ainsi qu’un abris aux espèces, notamment après la moisson et en période hivernale.

floraison

 

  • La régulation des ravageurs est mesuré avec le parasitisme larvaire ainsi que des piégeages des arthropodes volants à proximité de la bande grâce à des tentes Malaise.
  • Les résultats du parasitisme larvaires sont contrastés et certains protocoles de suivis méritent d’être adaptés. Certains suivis ont permis de mesurer la corrélation positive entre le pourcentage de couverture des plantes en fleurs avec le taux de parasitisme larvaires chez plusieurs ravageurs phytophages.figure parasitisme
  •  Concernant la régulation des pucerons sur céréales d’hiver, les premiers résultats montrent que la pression ravageur est moindre sur les parcelles à proximité d’une bande fleurie.
  • Sur l’ensemble des périodes de piégeage avec les tentes Malaise, les régimes des insectes piégés et identifiés ont permis de montrer que :

- Les syrphes sont également floricoles au stade adulte mais 98 % des larves piégés sont aphidiphages, donc prédatrices de pucerons.

- Parmi les coccinelles piégées, 96% sont prédatrices (la larve ou l’adulte) dont 32% principalement de pucerons et 4% mycophages (consomment des champignons comme l’oïdium).

- ¾ des sphécides sont prédatrices : l’adulte floricole chasse les proies qu’elles stockent avec l’œuf pour assurer la croissance de la larve. Parmi ses proies, on trouve les homoptères (dont font partie les pucerons), les hétéroptères, les diptères, les arachnides ou encore les orthoptères pour le quart restant.

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Pour plus de renseignements:

Chloé SWIDERSKI
02 38 71 90 80
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